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Seconde vague de la Covid-19 : quel impact sur les marchés et placements ?

  • Simon Dubois
  • 4 décembre 2020

Alors que les espoirs se cristallisent autour de l’imminence du vaccin, le coronavirus continue à se répandre un peu partout dans l’Hémisphère Nord, obligeant les gouvernements à mêler couvre-feux, confinements plus ou moins stricts, fermeture des commerces non essentiels et autres mesures palliatives pour tenter de préserver les hôpitaux de la saturation. Aujourd’hui, alors que les annonces sur l’imminente mise sur le marché de vaccins efficaces à plus de 90 % se multiplient, les marchés financiers alternent entre la prudence et l’euphorie. Les valeurs qui ont le plus souffert du confinement et des restrictions de déplacement semblent reprendre de leur superbe. 

Quel est l’impact de l’évolution de la Covid-19 sur les marchés financiers ? Quelles perspectives à court terme ? Quelles sont les tendances de fond qui se dégagent du comportement des places boursières ? On fait le point dans cet article de synthèse.

Première vague : le « Crash » historique du CAC 40 en mars 2020

L’impact du nouveau coronavirus sur la bourse de Paris, et notamment l’indice CAC 40, est toujours là. Entre le 24 janvier 2020, date à laquelle le tout premier cas a été enregistré en France, et le 29 septembre de la même année, le CAC 40 a connu une baisse de plus de 1 000 points. Au 29 septembre 2020, l’indice CAC 40 s’élevait à 4832,07 points. La plus forte baisse de l’histoire de la bourse de Paris a d’ailleurs été enregistrée le 12 mars 2020, avec les « grandes annonces » du président Emmanuel Macron, notamment :

  • la fermeture des crèches, des établissements scolaires et des universités et la mise en place des services de garde pour permettre aux personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire de faire garder leurs enfants ; 
  • L’appel aux étudiants et aux jeunes retraités pour appuyer le système sanitaire ; 
  • Le report de la trêve hivernale de deux mois ;
  • La possibilité pour les entreprises de reporter le paiement des cotisations et impôts dus en mars ;
  • La mise en place d’un mécanisme exceptionnel de chômage partiel, avec prise en charge par l’Etat de l’indemnisation des salariés contraints de rester chez eux.

Suspensions d’ordre fiscal, mobilisation des étudiants et des retraités, fermeture des écoles… Il s’agit-là d’une véritable économie de guerre. Et forcément, ces mesures envoient des signaux alarmants aux marchés financiers qui ont donc « crashé » le jour de l’allocution du président de la République.

Deuxième vague : comment se comportent les marchés financiers ?

La seconde vague qui touche l’ensemble des pays de l’Hémisphère Nord a fait monter l’inquiétude sur les marchés financiers, avec des places boursières qui reculent parfois de manière significative sous l’effet de l’aggravation de la pandémie mais aussi et surtout au gré des restrictions annoncées un peu partout. De Paris à Francfort, de Londres à New York, toutes les places boursières majeures accusent le coup. Au-delà du sanitaire à proprement parler, ce sont les mesures difficiles pour le tourisme, les loisirs, les transports et le secteur aérien qui provoquent des chutes historiques des cours boursiers. Le groupe hôtelier Accor, pourtant coutumier des belles performances sur les places boursières, a par exemple plongé de 5 % en octobre (moyenne). 

Et pour compliquer les choses davantage, l’incertitude de l’élection présidentielle américaine, qui n’a trouvé un semblant d’épilogue qu’une dizaine de jours après le jour « J », n’a pas épargné les marchés boursiers. Il en est de même pour les négociations sur les modalités du Brexit qui, disons-le, pourraient très bien se terminer sans accord. Le sanitaire, le politique et le géopolitique se mêlent donc dans un environnement turbulent et incertain qui complique la prise de risque de la part des investisseurs. Faut-il pour autant craindre une crise systémique majeure dans les mois à venir ? Pas vraiment. Les analystes et experts financiers se montrent rassurants, notamment à cause de la nature inédite de la situation actuelle. En effet, nous assistons à un scénario de type « On – Off », puisqu’il suffira d’apporter une réponse efficace au virus et à sa circulation pour relancer la machine, contrairement à la crise des subprimes de 2008 où l’effet domino avait été fulgurant.

En prenant du recul, car il n’est jamais bon de tirer des conclusions tranchées lorsque l’on est dans le dur, il faut mesurer les tendances de fond qui se dégagent des marchés financiers :

  • Le comportement des marchés boursiers asiatiques reste le meilleur motif d’espoir pour la France et l’Europe. En effet, l’économie a véritablement repris dans cette partie du monde, avec une progression cumulée de +9 % à Shanghaï depuis le début de l’année. Signe très éloquent : le marché du luxe est revenu à ses performances habituelles en Chine, au Japon et en Corée du Sud, notamment. La Chine, qui semble en avoir fini avec le coronavirus, sera manifestement la seule grande économie mondiale à croissance positive en 2020. Et lorsque l’on sait que l’Empire du Milieu a été le premier à subir de plein fouet la crise sanitaire, on ne peut que garder espoir : le plus dur est sans doute passé.
  • Les Etats-Unis, qui disputent le statut d’épicentre de la pandémie avec l’Europe de l’Ouest, ne s’en sortent finalement pas si mal que ça. En effet, les places boursières du pays de l’Oncle Sam affichent une progression de 8 % depuis le début de l’année. Cette performance, que l’on peut rattacher aux restrictions relativement timides décrétées par l’administration Trump, doit aussi au statut d’ « aspirateur d’épargne » du pays auprès des épargnants européens. En effet, les actions américaines restent beaucoup plus rentables sur le long terme, avec une moyenne de 6,4 % contre 4,2 % en Europe. Comme le rappelle Nicolas Barré dans son émission « L’éclairage éco » sur Europe 1, « le plus grand fonds souverain du monde, le fonds d’Etat norvégien, à la tête de près de 1 000 milliards de dollars, vient de décider de basculer une partie de son portefeuille d’Europe vers les Etats-Unis ».

L’euphorie des marchés à l’annonce d’un vaccin imminent 

« Vaccin efficace à 90 % ». Ces mots magiques ont suffi à redonner le sourire aux principaux indices boursiers mondiaux qui ont grimpé en flèche. Le CAC 40 a bondi de 7,57 % et l’EuroStoxx 50 a pris 6,36 % ! Aussi, la dissipation progressive de l’incertitude liée aux élections américaines a consolidé cette progression spectaculaire qui abonde dans le sens d’une reprise aussi abrupte que la chute enregistrée au début de la pandémie. 

Dans le détail, l’Euro Stoxx 50 a bondi de 6,36 % pour la seule séance du 9 novembre ! Les places boursières de Madrid, Paris et Milan ont gagné respectivement 8,57 %, 7,57 % et 5,43 %, suivies par Francfort et Londres qui ont progressé respectivement de 4,94 % et 4,67 %. C’est simple : c’est la meilleure progression du Cac 40 depuis 8 mois ! En tout et pour tout, la place boursière parisienne aura progressé de 17 % de fin octobre à la mi-novembre… de quoi redonner de la confiance aux investisseurs. Au CAC 40, les meilleures performances sont à mettre à l’actif des valeurs qui avaient le plus accusé le coup pendant le confinement. Il s’agit notamment du secteur aérien, du tourisme, de l’automobile et des foncières. Voici quelques exemples particulièrement éloquents : 

  • Unibail – Rodamco – Westfield a pris 24 % ;
  • Airbus a progressé de 19 % ;
  • Safran a gagné 14 % ;
  • Le secteur bancaire a également rebondi, avec des progressions comprises entre 14 et 18 % pour la Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole.

Outre-Atlantique, Wall Street s’est offert une ouverture de séance spectaculaire, permettant aux trois grands indices de battre de nouveaux records historiques en « Intraday ». Le S & P 500 a par exemple franchi les 3 600 points pour la première fois, tandis que le Dow Jones s’est approché des 30 000.

Seconde vague de la Covid-19 : quid des placements en France ?

Le dernier rapport de la Banque de France publié fin octobre (et qui présente les données de septembre) se montre plutôt optimiste. En effet, nous notons une légère accélération du rythme de constitution des dépôts bancaires par les ménages français (+5,4 GEUR après +3 GEUR en août). On s’approche donc logiquement de la moyenne pré-Covid (+5,9 GEUR) enregistrée de janvier 2017 à février 2020. 

Les chiffres de l’impact de la Covid-19 sur les stratégies de placement des Français ne sont pas encore disponibles, mais les tendances observées en 2019 devraient se poursuivre. En effet, selon le tout dernier rapport annuel de la Banque de France, les placements sans risques ont représenté près des deux tiers du patrimoine financier des ménages français en 2019. Cette prudence devrait s’accentuer en 2020 en raison des incertitudes liées au contexte pandémique, mais la reprise devrait entraîner un engouement sans précédent pour les placements risqués. Rappelons que l’assurance vie en euros reste le principal placement des ménages français, accaparant près de la moitié des placements sans risques avec un encours de 1 698 milliards d’euros fin 2019.

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